Un CDI ? Les jeunes disent « non merci »
Le baromètre « Stat in Light » réalisé par les étudiantes et étudiants de l’EFAP Lyon révèle plusieurs surprises dans l’approche des nouvelles générations vis-à-vis du monde professionnel. Les recruteurs vont devoir en tenir compte dans leur stratégie de marque employeur.
Et si dans le couple recruteur-recruté le CDI n’était plus une preuve d’amour ? À en croire l’étude Stat in Light « Com-me un air de bien-être » « le CDI n’est plus le Graal ultime ». Les professionnels de communication interrogés privilégient à 54 % le CDD renouvelable pour des jeunes embauchés. La surprise vient davantage de ceux-ci puisqu’ils sont 68 % à préférer un contrat court renouvelable plutôt qu’un CDI pour un premier contrat. En somme, dans la vie pro comme dans la vie personnelle, on vérifie sa compatibilité avant d’envisager une relation au long cours.
« Nous sommes dans une situation où on veut choisir sa vie professionnelle et non pas la subir », commente Janick Chabert, directrice conseil marketing d’Ipsos. L’institut de sondage était partenaire de l’étude Stat In Light.
Les étudiantes et les étudiants de trois MBA en communication de l’EFAP Lyon ont dévoilé début mars la 3e édition du baromètre Stat In Light. Ils ont conduit 30 entretiens qualitatifs de professionnels de la communication, du marketing, de l’événementiel et des ressources humaines et 200 professionnels et étudiants ont répondu à un questionnaire quantitatif début 2023.
Cette étude présente l’intérêt de mettre en évidence les différentes perceptions du monde du travail entre la génération qui arrive et celle qui l’a choisi et va l’accueillir. Trois thématiques ont été questionnées : le recrutement, la confiance et le bien-être en entreprise.
Soft ou hard skills : que choisir ?
Souvent décrite comme une génération « digital native », les jeunes disent ainsi très majoritairement (88 %) utiliser des plateformes spécialisés, type LinkedIn, Indeed ou Jobteaser pour postuler. « Mais le recours à son réseau et au bouche-à-oreille reste tout de même bien présent pour 58 % des candidats qui recherchent leur premier job », insistait Camille Gonzalez une étudiante de l’EFAP Lyon lors de la présentation des résultats. Les recruteurs affirment pour leur part (73 %) se tourner vers leur réseau personnel et professionnel avant d’avoir recours aux plateformes.
Les jeunes candidats à l’embauche et leurs aînés ne sont pas tout à fait d’accord sur les critères qui leur permettront de décrocher leur premier emploi. « Pour les candidats ce sera le niveau d’expérience qui prime, alors que pour les recruteurs ce seront les soft skills qui seront privilégiés », soulignait Charlotte Lepesqueux. Cependant l’étudiante, qui présentait elle aussi les enseignements de l’étude, ne manquait pas de s’interroger sur « une forme d’hypocrisie de la part du recruteur de dire qu’il privilégie la personnalité alors que ce n’est pas forcément le cas ».
Janick Chabert tempère en rappelant qu’une liste de propositions étaient présentée aux personnes interrogées. Or, « ce sont les trois mêmes items qui ont été retenus, mais c’est le poids qui change. En fin de compte ce niveau d’inexpérience il faut l’assumer et il n’y a pas de problème. »
Les cinq principales soft skills attendus par les recruteurs sont :
- 58 % l’adaptabilité
- 54 % l’autonomie
- 51 % la créativité
- 31 % la proactivité
- 31 % la rigueur
« Je reste convaincue que nous pouvons apprendre et acquérir de nouvelles compétences pendant un poste, mais le plus important reste la personnalité et le caractère de la personne », explique l’une des professionnelles interrogées par les étudiants dans un entretien qualitatif. « Je regarde plutôt les soft skills de la personne, par exemple si elle est à l’écoute, si elle est autonome ou si elle est dynamique. »
La satisfaction des collaborateurs et l’attractivité des entreprises
La rémunération reste un facteur clé de la satisfaction professionnelle, « mais ce n’est pas l’unique driver. Aujourd’hui, la satisfaction au travail passe aussi par l’épanouissement personnel, ainsi que par la création de lien avec ses collègues », indiquent les étudiantes.
C’est une certitude pour les professionnels en poste : 100 % pensent que la confiance accordée à leur entreprise est liée à leur bien-être au travail. C’est aussi partagé par les étudiants : 67 % sont « totalement d’accord avec l’idée que la confiance qu’ils accorderont à leur entreprise leur permettra de se sentir bien au travail ».
En ces temps d’inflation, le pouvoir d’achat et la rémunération contribue à l’attractivité et à la fidélisation des professionnels (48 %).
« Pour les étudiants c’est la qualité de leur environnement de travail qui compte (73 %, Ndlr). Mais c’est peut-être une vision un peu utopique car ils ne sont pas encore dans le monde du travail », nuance Camille Gonzalez.