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Peut-on faire du développement durable sans tomber dans le greenwashing ?

Face à la transformation de l’économie, dictée par les enjeux du développement durable et l’exigence croissante en matière d’engagement des entreprises, le rôle des acteurs économiques est majeur. Néanmoins, les entreprises peuvent, pour certaines d’entre...

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Peut-on faire du développement durable sans tomber dans le greenwashing ?

Image d'illustration © iStock

Face à la transformation de l’économie, dictée par les enjeux du développement durable et l’exigence croissante en matière d’engagement des entreprises, le rôle des acteurs économiques est majeur. Néanmoins, les entreprises peuvent, pour certaines d’entre elles, avoir du mal à intégrer ces transformations et donner le sentiment de tomber dans le greenwashing. Décryptage par Calif*, cabinet de conseil en affaires publiques.

Selon un sondage de l’Institut Harris Interactive pour le Mouvement Impact France (février 2022), 3 Français sur 4 considèrent leurs promesses écologiques comme superficielles. Une enquête menée par la DGCCRF et rendue publique en mai dernier a révélé qu'un quart des entreprises contrôlées dans le cadre de la lutte contre le greenwashing étaient « en anomalie ».

Impacts sociaux et environnementaux : d’un engagement volontaire à une exigence réglementaire

Si les accusations en greenwashing peuvent être souvent légitimes, on observe, ces dernières années, une multiplication de règles et de lois qui encouragent et/ou imposent aux entreprises de prendre des mesures pour diminuer leur impact environnemental. À commencer par la loi PACTE qui constitue une évolution majeure puisqu’elle consacre l’affirmation du rôle social et environnemental de l’entreprise comme une obligation légale. On peut également citer la loi AGEC qui encourage la réduction, la réutilisation et le recyclage du plastique à usage unique, la loi LOM pour les mobilités, Énergie Climat visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 en réduisant ses émissions de GES de 55 %, mais aussi de 40 % la consommation d’énergies fossiles en 2030, ou encore Egalim pour la filière alimentaire.

Plus récemment, la loi Climat et Résilience a franchi un pas de plus vers la prise en compte obligatoire des enjeux environnementaux, en intégrant notamment la transition écologique dans le dialogue social, ou bien en créant un délit de mise en danger de l’environnement. En matière de greenwashing, elle opère un changement de paradigme. Alors que l’autorégulation était jusqu’ici la règle, désormais les annonceurs qui emploieront ce type de pratiques pourront être attaqués en justice et s’exposeront à des amendes importantes. 

Si la plupart de ces dispositions réglementaires contraignent avant tout les grandes entreprises, la pression se fait également plus forte sur les TPE-PME. La nouvelle directive européenne CSRD qui contraint les organisations à publier leurs premiers rapports de durabilité dès 2024 ne va pas seulement concerner les grands groupes, mais aussi les plus petites entreprises. Si le chemin est encore long pour les TPE-PME en matière de responsabilité environnementale, elles y sont contraintes par leurs donneurs d’ordres - on pense par exemple à Veolia qui a mis en œuvre un système d’évaluation de la performance RSE de ses fournisseurs – mais également pour accéder aux appels d’offres publics.

Si ce n’est pas un critère formel, les banques et investisseurs accordent une attention croissante à la prise en compte des impacts environnementaux, anticipant les prêts à impact. Une aubaine pour un certain nombre de start-up de la Greentech qui se lancent sur le marché du bilan carbone des entreprises. 

Entre réindustrialisation et transition environnementale, faut-il choisir ? 

Des avancées, néanmoins timides, et ce pour plusieurs raisons structurelles et conjoncturelles. Si 67 % des dirigeants de PME et ETI sont attentifs aux enjeux environnementaux selon une étude de Bpifrance, beaucoup d’entre eux soulèvent la complexité d’une bifurcation écologique de leur activité, la prise de risque que cela constitue et la lourdeur des procédures administratives et des réglementations.

La loi PACTE en est un bon exemple. Quatre ans après son entrée en vigueur, la société à mission peine à faire évoluer les organisations. Selon une étude de KPMG parue en mai dernier, moins d'une entreprise sur trois a adopté des objectifs à long terme. Selon France Stratégie, le dispositif reste « marginal ». Certaines entreprises se trouvent sur une ligne de crête entre injonction à l’engagement et à la responsabilité en matière environnementale, et développement et rentabilité économique, soulignant une difficile conciliation entre les deux.

Une difficulté qui s’illustre dans les propos d’Emmanuel Macron à l’occasion de la présentation de son plan pour verdir l’industrie en mai dernier. Le chef de l’État a défendu une pause dans la réglementation européenne sur les normes environnementales, évoquant un risque de perdre « tous les acteurs ». Relayant des inquiétudes partagées par les acteurs économiques, le Medef au premier chef, Emmanuel Macron a suscité de nombreuses réactions dénonçant un greenwashing. Cette expression soulève finalement toute la difficulté de l’exercice et le débat de notre temps : comment concilier réindustrialisation, création d’emplois et réglementation environnementale à la hauteur des enjeux.

Le numérique, une des solutions ? 

La Tech peut constituer un allié indéniable pour répondre aux ambitions en matière de développement durable. D’une part, elle permet d’améliorer les diagnostics environnementaux : techniques de pointe de reporting carbone, modélisations de scénarios, calcul de trajectoires environnementales, etc., mais aussi l'efficacité carbone des produits et la réduction des émissions. La Greentech développe des solutions intéressantes en termes de recyclage, de circularité et de traçabilité des produits. 

L’État semble pousser dans cette direction puisque l'achat public d’innovation est désormais reconnu comme facteur clé de la réduction des émissions. La puissance publique fait même de la Greentech une opportunité pour lutter contre le Greenwashing. Le label Green Tech Innovation aide en effet les entreprises vertueuses à se distinguer vis-à-vis de leurs clients, et investisseurs.

Le réseau French Tech dans les territoires ont emprunté pleinement ce virage du futur durable, à l’image de la French Tech Saint-Étienne Lyon qui a lancé en décembre dernier MERIT, Mouvement des Entreprises Responsables et Inclusives du Territoire. Face à l’évolution de la réglementation et l’exigence d’engagement des organisations, ce Do-Tank a justement pour ambition d’accompagner, entre autres, les start-ups en matière de transition environnementale.

* CALIF, cabinet de conseil en affaires publiques implanté à Lyon, Saint-Étienne et Paris développe une expertise reconnue dans l’accompagnement des entreprises, des fédérations et associations pour valoriser au mieux auprès des sphères institutionnelles leurs engagements réels et concrets en faveur de la transition écologique.

 

La rédaction d'OUR(S) n'a pas pris part à la rédaction de cet article.

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