Publicité sur les trottoirs : terrain glissant pour Biodegr’AD et ses confrères

Publié le 10 janvier 2018 à 12:17 par Mathieu Ozanam

Un marquage au sol à l’aide d’un pochoir et d’un jet haute pression pour laver le trottoir rue Victor-Hugo, près de la place Bellecour à Lyon.

Le décret du 24 décembre du gouvernement prévoit une expérimentation de 18 mois pour les marquages biodégradables de street marketing. Une évaluation complète doit être envoyée en préfecture tous les six mois. [Archive]

Le gouvernement a fait un cadeau inattendu, mais peut-être empoisonné aux sociétés faisant du marquage publicitaire sur les trottoirs, jusqu’alors dans le plus total flou juridique.

Son décret paru le 24 décembre au Journal Officiel autorise en effet les agglomérations de Lyon, Bordeaux et Nantes à expérimenter pendant 18 mois le marquage biodégradable à des fins publicitaires. Une initiative qui a déjà suscité de nombreuses réactions politiques.

Un Lyonnais à la manœuvre

C’est une société lyonnaise qui est à l’origine de toute l’affaire: la régie de supports éphémères Biodegr’AD qui fait du marquage depuis cinq ans. Ce pionnier avait entamé une démarche de lobbying il y a deux ans. «Nous avons simplement demandé l’encadrement de notre activité », tempère Guillaume Pâris de Bollardière, fondateur de l’entreprise.

Car jusqu’à présent les municipalités étaient mises devant le fait accompli. L’accord était donc en quelque sorte tacite pour ces opérations de street-marketing. Ce coup de projecteur va inciter les maires à se poser des questions. Avec le risque d’une réponse négative.

Quel est dès lors l’intérêt pour les entreprises du secteur ? « La crédibilité offerte par le tampon du Journal Officiel», répond Guillaume Pâris de Bollardière. Un avis loin d’être partagé par toute la profession.

Retours négatifs

«Les réactions de certains élus à ce décret nous font craindre des conséquences négatives pour nos affaires», résume Jérôme Mantaut, chef de projet chez CleanCom. «C’est un jeu de quitte ou double», estime pour sa part Hamid Boutarbouch, directeur associé du groupe Non Stop Média. De fait les villes de Bordeaux et Nantes ont déjà pris des arrêtés interdisants les clean tags sur leurs territoires.

La Métropole de Lyon va quant à elle organiser une concertation de toutes les communes. En effet, le Grand Lyon travaille sur son règlement local de publicité (RLP). Or une délibération en date du 17 décembre fixe pour objectif au futur RLP de « limiter la pollution visuelle ».

Frédéric Giraud, cofondateur de L’Uzyne, joue l’apaisement : « le principal danger serait d’industrialiser la pratique de l’affichage au sol. Il faut l’utiliser avec parcimonie, de façon esthétique et plutôt pour de l’information citoyenne. Le risque, sinon, c’est que cela se retourne contre les annonceurs et les acteurs du secteur ».

Julien Urgenti et Mathieu Ozanam