La palette de… Séverin Millet

« Quand j’étais enfant, il y avait chez moi un livre de ce peintre. Je le regardais beaucoup, son art m’intriguait par son côté irréaliste, en décalage avec la réalité. Je pense notamment à son tableau L’Empire de la lumière. Au premier regard, on ne voit pas tout de suite le décalage, mais l’œuvre nous fait ressentir qu’il y a quelque chose d’étrange. C’est d’une grande puissance narrative. Magritte utilise l’image comme un langage, il laisse des choses en suspens et crée un décalage pour ouvrir des portes sur l’inconscient et le sensible. »

« Cette illustratrice suisse m’a beaucoup marqué par son approche du papier découpé, en aplat. C’est une manière de travailler qu’on retrouve dans le logiciel Illustrator, ou du moins dans la manière dont j’appréhende l’outil. Certains travaux peuvent déclencher une inspiration, et c’est le cas avec elle. J’ai découvert Anna Sommer avec ses BD qui sont pour certaines sans texte, comme Remue-Ménage. Dans ce cas-là, c’est un dessin au trait, qui raconte par lui-même de petites histoires. Je m’en inspire beaucoup pour mes dessins de presse pour Le Monde, qui ne comportent jamais de texte. »

« Cet illustrateur américain a fait beaucoup de couvertures pour le New Yorker. À mes yeux, il représente les débuts de l’illustration satirique. Avec peu de moyens, il arrive à jouer avec les sens. Ce que j’aime dans son travail, c’est d’une part son dessin, qui va droit au but, et d’autre part sa façon de raconter le monde à travers cette approche satirique et humoristique. Il a également une manière de jouer avec les techniques qui me fascine : dans un seul et même dessin, il peut combiner de l’aquarelle avec du stylo et de la calligraphie, et ces différentes techniques vont raconter une histoire. »

« Ce sculpteur américain fait des œuvres à partir de fil de fer. Je m’inspire beaucoup de cette façon de travailler le métal et les formes, de la manière dont il exploite les volumes. Il fait preuve d’une certaine simplicité qui est pourtant tellement puissante… J’aime aussi beaucoup le personnage d’Alexander Calder, sa bonhomie et son côté joyeux se ressentent dans son travail. On y retrouve la notion du trait, encore, mais aussi celle du jeu, très présent dans mon processus créatif. Le jeu est un travail constant de recherches et une manière d’exprimer son inconscient. »

« Je ne connais pas très bien le milieu de l’architecture, et pourtant, cet architecte et designer finlandais arrive à me toucher par son travail du mobilier, de la verrerie… Il a une approche organique des formes, la nature se retrouve dans son travail. C’est quelque chose que j’utilise dans mon processus créatif : je réutilise les codes et les formes de la nature. Sa vision du design me parle beaucoup, notamment l’idée qu’une œuvre peut être une sculpture tout en étant utile. Quand je travaille la céramique, je fais en sorte qu’un vase peut aussi être une sculpture. C’est une façon de brouiller les pistes et d’amener le public à sortir des codes. »